La découverte sur l'emplacement du bourg moderne (place centrale) de tombeaux celtiques, de vases romains et de médailles à l'effigie d'Apollon laisse penser que l'emplacement de la ville actuelle était déjà habité durant l'Antiquité. Cela est sans doute dû à la situation géographique, proche des grandes voies de communication unissant l'Italie avec les Gaules et la Germanie par le Mont-Joux, actuellement Grand-St-Bernard.
Monthey, Châtellenie de Savoie (12..-1536)
Dès le XIIe siècle, le nom de 'Montheil' apparaît dans les chartes. Ce nom serait dérivé du mont sur lequel fut bâti le Château-Vieux ou 'Château de la Motte' et autour duquel le bourg fut construit. Cet édifice fortifié fut certainement construit vers 950 après J.-C. lors des invasions des Sarrasins et des Hongrois.
Monthey faisait alors partie du Vieux-Chablais composé des terres situées entre la Croix d'Ottans au-dessous de Martigny, jusqu'à la Dranse de Savoie, près d'Evian, et l'embouchure de la Veveyse sur la rive droite du Léman. Dès le début du XIe siècle, cette région formait un comté du Deuxième Royaume de Bourgogne. Au XIIIe siècle, les comtes de Savoie acquirent des droits dans le Vieux-Chablais, notamment dans la chatellenie de Monthey, par des mariages et des alliances. Ainsi, le bourg appartient dès lors à divers membres ou alliés de la Maison de Savoie. Un châtelain, qui concentrait tous les pouvoirs locaux (exécutif, législatif et judiciaire) gouvernait la chatellenie (ou mandement). Pour l'assister, il y avait encore un major, qui percevait les impôts, exerçait la basse justice (affaires de peu d'importance), ainsi qu'un vidomne avec des charges administratives et de police, qui habitait le château moderne.
A la suite des franchises accordées surtout en 1352 par le comte 'Vert' Amédée VI, la communauté obtint le droit d'élire des syndics et des procureurs, qui partageaient avec le châtelain l'administration des affaires publiques. A cette date, la bourgeoisie fit son apparition. Le bourg comptait à l'époque entre 500 et 600 habitants. Durant la première moitié du XIVe siècle, l'artisanat était déjà bien développé. Six moulins, des foulons, des martinets, des tanneries, des teintureries, des soieries, ainsi que d'autres établissements tiraient l'énergie de la Vièze par des moteurs hydrauliques, comme le fera toujours l'industrie montheysanne au XIXe siècle, en utilisant l'eau des Meunières.
Monthey, châtellenie du Valais (1536-1798)
Profitant des embarras du duc de Savoie, Charles-Emmanuel, en guerre contre la France, les troupes bernoises envahissent le pays de Vaud. Pour ne pas être envahis à leur tour par les protestants, les populations du baillage du Chablais demandèrent l'aide du Valais. Les sept dizains, qui craignaient qu'une invasion de Berne dans le Chablais n'enclavât le Valais dans ses montagnes, occupèrent le Chablais, en 1536, jusqu'à la Dranse de Thonon.
Trente ans plus tard, au Traité de Thonon, le Valais put conserver le Chablais jusqu'à St-Gingolph, en contrepartie des frais occasionnés par l'expédition de 1536 et acquit ainsi ses dimensions actuelles. Progressivement, les sept dizains rachetèrent alors les divers droits (châtellenie, vidomnat, majorie) aux petits seigneurs locaux, placèrent à leur place des représentants hauts-valaisans, mais garantirent les franchises accordées par les ducs de Savoie. Le Chablais n'avait donc que changé de maître, remplacé le duc de Savoie par l'évêque de Sion. Sous l'administration de nombreux gouverneurs, la présence haut-valaisanne devint une véritable occupation. La charge de gouverneur était confiée au plus offrant, à celui qui payait la plus forte somme d'argent. Ainsi, la première préoccupation de certains de ces personnages était de rentrer dans leurs fonds. On comprend alors aisément que ce poste était très recherché par ceux qui voulaient rapidement faire fortune. Régulièrement, les habitants se plaignaient des abus de pouvoir, ceci sans effet, chacun des sept dizains nommant successivement le gouverneur et ne voulant pas jouir de moins de privilèges que celui qui l'avait précédé. Après diverses insurrections, dont l'Affaire du Gros Bellet et la Conjuration des Crochets les sept dizains promirent de corriger les injustices les plus manifestes. En fait, ils se contentèrent d'occuper notre région et d'exécuter certains conjurés. La situation devenait de plus en plus intolérable. Ainsi, les gouverneurs hauts-valaisans ne parlaient pas la même langue que leurs administrés, n'avaient pas les mêmes mours et habitudes. La population dut payer de nouveaux impôts, soi-disant pour les frais d'entretien des bâtiments publics. Les amendes payées et les confiscations tombaient dans la poche du gouverneur et notamment d'Hildebrand Schiner (1790-1791), la loi n'était plus respectée, si bien que certains habitants durent payer deux fois la même amende à quelques temps d'intervalle. Par des monopoles, quelques patriotes huppés entravaient la liberté de commerce à leur profit, en contradiction avec les garanties des chartes. Les amendes étaient illégalement élevées, si bien que le peuple ne pouvait souvent pas les honorer. Ainsi, de nombreuses terres et bâtiments furent confisqués et devinrent propriété des gouverneurs et des juges. L'Etat se préoccupait peu de ces difficultés, se contentant de sermonner les gouverneurs les plus abjects. Le Gouvernement croyait avoir maté l'esprit révolutionnaire de 1790-1791, mais le feu des passions politiques couvait toujours, alimenté par des injustices de plus en plus criantes.
Monthey et la Révolution (1790-1815)
Le 31 janvier 1798, un comité de révolutionnaires plante sur la place un arbre de la liberté. Sous la pression du Directoire français, qui envahit les cantons confédérés, le Haut-Valais accorde l'indépendance au Bas-Valais et ils forment alors un état de dix dizains, qui adhère à la République helvétique. En mai 1798 et mai 1799, par deux fois, le Haut-Valais se soulève contre la République helvétique car les garanties accordées n'ont pas été respectées.
Les troupes françaises, appuyées par des contingents réquisitionnés du Bas envahissent le Haut, qui sera sévèrement réprimé et pillé. Une récolte de fonds sera organisée dans le Bas-Valais et dans la Confédération, pour venir en aide aux habitants. Les ennuis ne sont pas terminés. Le Valais avait à l'époque une grande importance stratégique pour la France. C'était un passage obligé pour intervenir militairement en Italie contre l'Autriche. C'est pourquoi Napoléon voulut annexer le Valais en 1801. Devant le refus des autorités, L'Ogre de Corse fit occuper le Valais par le général Turreau, qui mit le pays au pillage, destitua les autorités légitimes, et obligea les dizains à nourrir, loger et entretenir les troupes d'occupation. De par sa situation géographique proche de l'empire, le Chablais eut à souffrir plus que les autres dizains de ces abus. Malgré les conditions terribles imposées à la population, le Valais ne céda pas. Pour l'isoler de la République helvétique, Bonaparte le proclama indépendant en 1802, sous le nom de République rhodanique. En 1810, le Valais occupé est annexé à la France et devient le Département du Simplon.
Le Valais rentre dans la Confédération (1815-.)
A la chute de l'empire, en 1815, il adhère à la Confédération helvétique. Les députés rédigent une nouvelle constitution cantonale que les Bas-Valaisans estiment inéquitable. Les partisans de l'Ancien et du Nouveau Régime s'affrontent par deux fois, lors de la Guerre du Fromage en 1839 et du Combat du Trient en 1844. En 1848, après la guerre du Sonderbund et la défaite des conservateurs, une nouvelle constitution est votée, qui forme la Suisse moderne que nous connaissons aujourd'hui. De confédération d'états, elle est devenue un état fédératif. Depuis la fin de l'empire, la société se transforme sous l'influence des progrès techniques. Monthey, gros bourg essentiellement agricole, voit se développer l'industrie. En 1821, c'est la fondation de la Verrerie, suivie notamment de moulins, de scieries, d'un battoir à chanvre, de deux tanneries, d'ateliers de mécanique, d'une brasserie, d'une teinturerie, d'une manufacture de tabacs, de fabriques de chocolat, de sucre, de pendules, d'armes, de verres de montres, et de cinq à six carrières de granit. Faute d'un outillage suffisant, et faute d'avoir su s'adapter, la plupart de ces industries ont disparu. Seules deux entreprises se sont considérablement étendues, Giovanola et la fabrique chimique (Ciba, Novartis). D'environ 2700 habitants à la fin du XIXe siècle, la population est passée à environ 14 000 habitants à la fin du XXe siècle. Le Monthey d'autrefois n'est plus celui d'aujourd'hui. Le centre-ville, regroupant la majorité des habitants, fut complètement débordé dès les années soixante. Ainsi, les quartiers d'habitation atteignent actuellement Collombey, le pont ferroviaire sur la Vièze, les Ilettes et les Giettes.
Sources